[RP] Les feuillets d'Andrew

--Letemoin a écrit:: Kika322 arriva, un peu gêné,avec un un peu de retard dans le tribunal... Le Messire avait promis qu'IL allait passer à la barre pour témoigner ... une première ! Apparemment l'accusé venait de terminer de parler.

Il s'avança donc lentement vers la barre et reconnut derechef l'homme qui avait tenté d'assaillir la place forte du village ...

Il salua tout le monde et s'installa avec une peur inexplicable qui provenait sans doute des regards qu'on lui lançait. Puis,sûr de lui, il se racla légèrement la gorge et commença

Monsieur le juge, mes respects ...
J'ai été appelé à venir témoigner par le sieur Vanyel et si mon témoignage permet à la justice d'être rendu, je témoignerais ...

Je suis soldat monsieur le juge, et je sers dans l'ost et ce depuis un long moment ... J'ai effectivement reconnu l'homme qui se tient là, ici même, comme faisant parti des agresseurs ... Je défendais Pau la nuit du 21 au 22 décembre dans la lance du lieutenant de Tarbes, Pyrrus, monsieur le juge et cette homme faisait parti des malfrats qui ont oser tenter de franchir le mur. Et ce, monsieur le juge, je vous le promet sous mon honneur de soldat de première classe ...

Pensant que cela suffirait pour que l'infame coupable soit puni, kika se leva et s'écarta ...

Le témoin tant attendu avait enfin montré son nez. Son meilleur argument était apparemment son "honneur de soldat de première classe"... Tout un programme et surtout tout une référence.

Comme Andrew savait son sort déjà réglé depuis bien longtemps, il décida de se taire, de ne pas répondre. Il allait rester digne, accepter une fois de plus d'être un martyr pour la cause de la Réforme comme chacun de ses compagnons qui croyaient de ce juste combat.

Maintenant, il allait falloir attendre que le juge ait fini de faire semblant de réfléchir. La peine, il la connaissait. La prison et le bannissement. Pour l'amende, ils allaient falloir qu'ils repassent. Andrew n'avait plus d'argent, les quelques écus qu'il avait, il les avait utilisé pour un peu de nourriture quelle soit pour son corps ou pour son esprit.

--Igel a écrit:: Le gamin rouquin avait finalement apprit à aimer ces petites bêtes Réformés. C’est qu’il y trouvait son compte le garçonnet; on le nourrissait, le nettoyait, l’instruisait même et le cajolait. Que pouvait-il espérer de mieux, lui, fils de catin.

Du haut de ses huit ans, il devint très vite commissionnaire, portant missives amoureuses ou déclarations houleuses, stratagèmes, blasphèmes… le poids de tous ces billets étaient bien aléatoire. Il s’amusait à accomplir ce travail lui donnant l’impression d’être quelqu’un de grand et important. La communauté huguenote semblait l’apprécier, il faut dire qu’il n’avait jamais échoué une mission.

Ce matin là, le colis lui semblait léger, ou était-ce plutôt le doux baiser reçu de la charmante helvète qui lui donnait cette impression d’apesanteur, quoi qu’il en soit, il se dirigeait allègrement vers le destinataire.

Levant les yeux sur une énorme bâtisse, il prit une grande respiration. Cet endroit lui faisait peur mais il avait une mission… il prit donc son courage qui n’était jamais bien loin et entra dans cet univers gris.

Il eut tôt fait de trouver la salle du jugement d’Andrew puisqu’une foule de commères y étaient attroupée. Le gamin se faufila entre jupes et fessiers pour se retrouver en avant scène devant Acar où il dégluti, les yeux biens ronds. Heureusement, il aperçut alors le Réformé et son visage s’éclaira.

Le rouquin disparut quelques instants dans la foule pour réapparaitre à quatre pattes derrière l’écossais, caché par un panneau de bois. Il lui chuchota;Sir Andrew, j’ai un message pour vous de la part de Maripo, je vous le glisse.

Igel attendit qu’Andrew porte sa main par terre et il poussa le vélin dans sa direction. Satisfait, il se redressa souriant, attendit quelques instants et sortit rapidement de cette ambiance trop sérieuse.

[rp]Cher Andrew, Ce simple billet pour te dire que je m’ennui drôlement de toi tu sais… Saches que mes pensées t’accompagnent tous les jours et que j’attends avec impatience le moment où je reverrai le bout de ton nez et pourrai me replonger dans tes yeux brillants. Tendrement, Mariposa

Sur le vélin, quelques mots sont déposés, suivi d’un dessin, tracé au fusain, représentant les Pyrénées enneigées et quelques arbres dénudés. En regardant attentivement dans les traits foncés, on peut aussi y voir un coq déplumé, à la crête hirsute et l’œil énorme, ligoté au dessus d’un amas de bois.[/rp]

Une fois de plus Andrew attendait... Décidément cette action en Béarn se différentiait vraiment des autres auxquelles Andrew avait participé. Leur point commun était bien entendu l'implantation de la Vrai Foi dans les Royaumes mais les méthodes variaient du tout au tout.

Si chez les francs-comtois les réactions hostiles à la réforme étaient fulgurantes mais rarement bien pensées, ici, on tombait dans l'excès inverse de l'immobilisme des tergiversations... C'est alors qu'Andrew était perdu dans ses pensées, attendant que le juge daigne enfin finir ses cogitations imaginaires, qu'un improbable messager vint glisser un petit papier entre ses doigts. Les quelques mots qu'il entendit lui firent battre le cœur à un rythme bien plus élevé qu'à l'habitude. En fait, la seule mention du nom de l'expéditeur du message avait suffit à provoquer cela.

Pour ne pas attirer l'attention, Andrew attendit avant de tenter la moindre chose pour lire le billet. Après plusieurs minutes, alors qu'il réajustait très inutilement ses longues chaussettes, Andrew prit connaissance du message. Le monde aurait pu à ce moment s'écrouler autour de lui que rien n'aurait pu le sortir de ses pensées. Les mots déposés délicatement sur le vélin étaient déjà gravés dans sa mémoire. Le dessin fit rire intérieurement Andrew. La représentation que la belle Mariposa avait fait d'Acar était un véritable petit bijou.

Pour le moment, Andrew était bien sur coincé mais sous peu il espérait pouvoir répondre. Il savait quoi. La réponse était si évidente depuis si longtemps qu'il lui semblait impossible qu'il ne l'ai pas connu avant. Il savait comment. Ce serait assez simple, sans trop d'artifices. Il ne restait qu'à savoir quand. Mais malheureusement cela ne dépendait pas vraiment de lui...

Ça traîne en longueur pourtant une longue attente semble toujours être bien récompensée. Ceci est probablement ce qu'Andrew allait retenir de son séjour en Béarn...

En effet, alors qu'il essayait de compter les personnes qui était actuellement endormi dans le tribunal, trois gardes entrèrent. Le premier resta vers la porte alors que les deux autres se dirigèrent directement vers le juge. Celui qui semblait être le plus ancien, à défaut d'être le plus gradé, s'approcha du juge pour lui remettre un pli. Une certaine appréhension pouvait se lire sur son visage et pour sur, il n'avait pas été volontaire pour cette petite mais délicate mission.

Le juge Acar, quelque peu surpris de cette irruption dans son tribunal prit la lettre qui lui était tendu. À sa lecture, il sembla à Andrew que le juge passait par toute les couleurs. Après quelques instants toutefois, celui-ci repris toute sa contenance et se leva.

"Et bien soit..." dit le juge, se dirigeant vers la porte sans le moindre regard vers la salle.

Les deux gardes lui emboitèrent le pas et tous sortir sans prononcer un mot supplémentaire. Un des gardes refermit la porte sur eux, laissant tout le monde quelque peu étonné et sans voix. Cette phase ne dura toutefois que très peu de temps. Rapidement, Andrew commença à entendre des commentaires.

"Je crois bien qu'un aute juge à du être nommé..."
"Oh, le pauvre Juge Acar..."
"hi, hi, hi, j'l'aimais c'bougre là !"
"Pffff... Encore un changement..."
"M'man, pipi..."
"Alors il est coupable ou pas ?"
"Tu crois qu'il a été arrêté lui aussi ? C'est vrai que j'ai entendu dire par la marchande de poissons qui le tenait en directe de l'ami de la nièce de la femme de chambre de Acar qu'il aurait profité de largesses de la part de..."

Andrew se détacha de ce brouhaha croissant pour se perdre dans ses propres pensées : son petit poulet venait de griller... Il allait probablement devoir faire une autre marionnette.

Après le juge, la plupart des personnes assistant au procès avait fini par sortir du tribunal. Une rumeur circulait mais Andrew n'avait pas réussi à la saisir. C'est donc ignorant de tout ce qui pouvait bien se passer en dehors qu'il emmené hors de la salle d'audience pour être de nouveau enfermé dans un cachot, dans l'attente du verdict.

LeJugePaddy a écrit:: L'audience du jour était d'importance, il fallait juger les membres du groupe qui avait tenté de prendre d'assaut le château de Pau dans la nuit du 22 au 23 décembre dernier.

Les accusés lourdement enchainés avaient été extirpés des cellules où ils avaient été maintenus enfermés au sous sol du tribunal. Ils étaient tous là assis sur des bancs en face de la cour et des gardes en armes ne les quittaient pas des yeux.

Paddy fit son entrée dans le tribunal et s'installa en prenant son temps. La séance serait longue et son grouillot avait déjà disposé sur le pupitre une pleine bouteille de whiskey et quelques cochonnailles à grignoter. Paddy s'assura que le marteau était bien en place à sa droite et il jeta un coup oeil sur la balance de la justice qui avait été briquée avec soin le matin même.

Nous voilà dans de bonnes conditions pour rendre la justice pensa t'il. Bien qu'un peu fatigué suite à quelques excès commis la veille au soir il se dit que faire la sieste en arrivant au tribunal serait mal venu et il prit donc le premier dossier de la pile.
Il le feuilleta, en relut les différentes pièces et déclara :

Accusé Andrews_largs, levez vous.

Le garde qui était derrière lui piqua le flanc pour le faire lever.

La cour vous reconnait coupable d'avoir pris part à une tentative de révolte contre le château de Pau et nous vous condamnons à une peine de 3 jours de prison. Comme il semble que la dernière fois cela ne vous ait pas suffit, dès que vous sortirez de nos geôles vous irez travailler à la mine durant 5 jours et chaque soir vous serez mis au pilori et ainsi exposé à la vindicte populaire.
Votre mise au pilori pourra être réduite du journée si vous procédez à l'achat d'une miche de pain à 100 écus sur la foire comtale.
Une fois votre peine de prison et de mise au pilori effectuée, vous serez reconduit vers nos frontière et banni du Béarn pour une durée de 2 mois.

En refermant le dossier, Paddy conclu :

Gardes, emmenez cet homme purger sa peine.

Andrew avait presque tout compris... Bon le juge l'avait appelé Andrews mais vu son accent à couper au couteau, il devait quand même bien s'agir de lui. Surtout que le coup de pique dans les côtes lui avait bien été destiné...

Pour la peine, Andrew était mi-furieux, mi-amusé. Furieux, car il savait le combat des réformés juste et que donc toute peine découlant d'une de leurs actions était forcément un affront fait directement à Deos. Il était aussi amusé car avec trois jours de prison et cinq jour de travail à la mine, il s'en sortait presque bien. Si il avait de la chance pour la prison, il serait mis dans le même vieux cachot et retrouverait peut être sa bouteille de whiskey qu'il avait caché lors de son dernier passage. Pour la mine, il allait passer cinq jour à grattouiller dans un coin sombre, en essayant de se fatiguer le moins possible et surtout de ramener des morceaux de roches ayant peu d'intérêt. Ainsi, il serait à peu près en forme et n'enrichirait pas ces cochons de nobles qui s'engraissaient déjà sur le dos des Béarnais.

Avant de partir, il souhaita quand même dire quelque chose au juge. Les gardes le poussaient mais Andrew allait pouvoir tout de même glisser quelques mots.

Sir Judge, marci pour tout... Si vous voule viendre me rendre visite, dans le cachot tout le confort je va avoir pour trois jours ou après pour viendre remonter mon couverture quand je va être sur le pilori, ce va me faire plaisir.

Aie !

Hey ! Ce est pas le peine de pousse avec ce truc pointu... Je sais marche et avance tout seul... Pi, je est un client fidèle, alors un peu de le courtoisie ce pouve pas faire de mal... Si je reviens plus parce que le service ce est pas bien, je est sur vous alle vous ennuye !

--CapitaineDeLaGarde a écrit:: La journée de garde n'était pas de tout repos mais le capitaine allait être récompensé...

Un greffier du tribunal venait juste de lui amener la nouvelle : une ancienne connaissance revenait. Il avait su que celle-ci c'était plus ou moins moqué de lui la dernière fois. Il allait s'assurer que d'une part cette connaissance fasse amende honorable et que d'autre part elle soit convaincue que ce n'est pas la bonne chose à faire.

Le capitaine rajusta son uniforme. Debout, les mains jointes dans le dos, il attendait. Généralement, très peu de temps après l'annonce de l'arrivée d'un nouveau pensionnaire, celui-ci arrivait avec son escorte de garde. Là, il s'agissait d'un récidiviste, un habitué des prisons semblait-il. Le capitaine ne perdrait donc pas son temps en formalités et en vaines paroles.

Comme attendu, l'escorte arriva. Le capitaine s'adressa directement au prisonnier.

Bon retour chez toi ! Si les juges faisait un peu mieux leur travail et suivait un peu plus mes conseils, tu ne serais même pas sorti. En attendant ce jour béni où le Très Haut m'autorisera à infliger la juste peine aux hérétique de ton genre, je te réserve une petite surprise. D'abord, j'espère pour toi que tu te rappelle bien le goût de la bouteille que tu avais laissé dans le cachot. Là où tu vas aller, c'est tout ce qu'il te restera : un souvenir.

Le capitaine frappa violemment Andrew au visage.

Ça, c'est pour t'être moqué de moi.
Allez, on descend ! Vous, empoignez cette loque et suivez moi !

Après quelques instants, Andrew revint à lui.

Je ne voudrais pas trop te faire attendre pour ta surprise. Alors je vais te dire où l'on va. Le château à bien sur des oubliettes. Comme malheureusement, il faut que je te remette dehors dans quelques jours, je ne peux pas utiliser "l'entrée normale" qui se trouve dans une toute petite pièce juste derrière la salle du trône comtale. Tu arriverais en bas en trop mauvais état. Par contre, il y a une autre entrée. Bien moins connue. Pas très propre mais bon... Tu vas pas t'arrêter à cela n'est-ce pas ?

Arrivé semble t'il a destination, le capitaine s'arrêta au bout d'un couloir sombre et humide. Quelques lointains cris se faisaient entendre de temps à autres. Dans le bas du mur, une sorte de trappe fermait solidement une toute petite ouverture.

Ouvrez et jeter moi ça là dedans ! On viendra le chercher quand il sera temps. De toutes manières, il ne s'ennuiera pas, il va trouver de la compagnie là dedans !

Le capitaine parti à rire et s'en alla, laissant aux deux gardes le soin d'enfermer Andrew.

Bien qu'ayant les yeux ouverts, Andrew était encore sous le choc du coup que lui avait donné le capitaine. Complètement amorphe, un des deux gardes essayait de le garder presque debout alors que le second ouvrait une sorte de toute petite porte. Après avoir fait jouer deux clefs différentes et enlevé un gros barreau, il fût enfin possible au garde de pousser la porte. De là où était Andrew, cela ressemblait juste à une sorte de cachot étroit et noir dont le niveau était plus bas que celui du couloir où ils se trouvaient tous encore. Le niveau exact ne pouvait même pas être deviné car le sol était recouvert d'une eau stagnante et nauséabonde.

Sans plus de cérémonie que cela, le garde soutenant Andrew l'approcha de l'entrée du cachot et le jeta à l'intérieur. Le froid glacial de l'eau et surtout l'odeur insupportable qui s'en dégageait donna une sorte de coup de fouet à Andrew qui se mit rapidement à genou. Alors qu'il arrivait dans cette position, la petite porte se refermait derrière lui sans qu'aucun des deux gardes n'ai eut fait le moindre commentaire.

Le bruit sec des serrures qu'on ferme.
Quelques bruits de pas qui s'éloignent.
Puis, plus rien.
Plus rien sauf le froid, le noir et la puanteur.

La première pensée qui vint à l'esprit d'Andrew fut la remarque qu'il c'était faite au sujet de la légèreté de sa peine... À présent, il comprenait que les trois jours allait être longs. Longs et difficiles.

Après plusieurs minutes pendant lesquelles l'obscurité avait été complète, la vision d'Andrew s'adaptait enfin. Il se trouvait dans une sorte de petit couloir, quelques mètres tout au plus, qui donnait sur une pièce qui avait l'air d'être circulaire. Une très pâle lumière venait du haut de cette pièce.

Andrew avança avec précaution. Le sol était très inégal et bien que voyant partiellement, progresser sans trébucher restait tout de même un défi. Arrivé dans la partie principale de son cachot, Andrew compris où il était ainsi que certaines des paroles du capitaine : à peu près au milieu de la pièce, une sorte de cheminée ronde montait assez haut. Au sommet, une épaisse grille fermait le conduit. À trois niveaux différents, des pointes acérées pointaient vers le hauts. Pour plusieurs d'entre elles pendaient encore quelques lambeaux... Les oubliettes du château de Pau avaient deux entrées. Andrew avait pu utiliser celle qui lui permettrait peut être d'en sortir...

En sortir vivant...

Andrew n'avait aucune idée si beaucoup des personnes qui avaient été jeté là en était sorties vivantes... Avec ce qu'il semblait voir, ce n'était probablement pas le cas bien souvent. Dans la faible lueur qui venait d'en haut, plusieurs corps étaient visibles. Plus encore que l'odeur, cette vision était à elle seule un véritable supplice. Andrew resta donc de longs moments, probablement de longues heures, les yeux clos. Certes la scène était encore là mais au moins, en fermant les yeux, il pouvait se concentrer sur d'autres sujets. Parmi tous ceux qui passèrent dans son esprit, celui qui lui redonna le plus de courage concernait les moments qu'Andrew avait pu passer avec Mariposa. Il y avait dans ces souvenirs la, une sorte d'entraide, de bonheur simple, de complicité parfois, qu'Andrew n'avait pas connu ailleurs.

Le moral quelques peu regonflé, Andrew se décida à affronter la situation. Le temps avait passé et même si il restait encore peut être une journée ou plus, il fallait qu'il se reprenne en main. Il ne donnerait pas raison au capitaine. Ce serait le sourire aux lèvres qu'Andrew sortirait si il sortait un jour...

Ce qu'il pouvait faire étant des plus limité, Andrew décida d'œuvrer pour son prochain comme tout bon réformé. Les corps étaient peut être ceux de personnes que le pouvoir Béarnais voulait voir disparaître mais ils n'en restaient pas moins ceux d'hommes créés par Deos. Juste pour cette raison, ils méritaient un minimum de respect.

Andrew entreprit donc de s'occuper un minimum d'eux en les allongeant correctement contre un des murs. Lorsqu'il le pouvait, il mit leurs mains et leurs bras sur le torse, leurs ferma les yeux, réajusta le peu de vêtements qu'ils avaient. Quand il eut fini, il s'agenouilla auprès d'eux et fit une prière pour le salut de leur âme. Regardant vers le haut, Andrew fit aussi un prière pour ceux qui avaient pris la décision de se débarrasser des ces gens là. Plus que tout autres, ils auraient besoin d'aide pour gagner leur place aux côtés du Très Haut lorsque leur heure viendrait.

Ce faisant, Andrew remarqua que accroché à une des pointes les plus basses du conduit, pendait une sorte de veste. Elle serait certes déchirée mais vu son état à lui, il ne serait pas regardant. Andrew se mis donc en quête de quelque chose qui lui permettrait peut être de la décrocher.

Après une recherche assez longue, il trouva dans un coin immergé de la petite pièce, une pierre qui allait être suffisamment lourde pour éventuellement lui permettre d'atteindre son but. Avec l'acharnement de ceux qui n'ont rien à perdre, Andrew lança la pierre en direction de la veste encore et encore. À plusieurs reprises, il cru qu'elle allait enfin se décrocher. Pourtant ses efforts restèrent vains longtemps.

Alors qu'il était presque à bout de force, un des ses lancés toucha de plein fouet la pointe métallique. Le choc fit que enfin, la veste tomba. Andrew se précipita pour la ramasser. À cause de la noirceur, il ne pouvait bien sur pas voir sa couleur. Au toucher par contre, il pouvait constater que l'étoffe avait été belle et qu'à différents endroits, elle avait été brodée. Le tissu était chaud. Il s'emmitoufla dedans et mis les mains dans les poches pour essayer de combattre au mieux le froid. Si la poche droite était vide, la gauche renfermait ce qui semblait être un bout de parchemin plié...

Un poème...
Un plan...
Un mot doux glissé en cachette...
Une liste d'ingrédients pour potion...

Les possibilités étaient si nombreuses qu'Andrew se perdait dans toutes les possibilités qu'il imaginait.

Clac !

Clac !

Les gardiens venaient involontairement de mettre fin aux réflexions d'Andrew. Celui-ci cacha rapidement le papier plié dans sa propre veste. Sachant comment Andrew était entré, il était fort probable que les gardes lui enlèvent sa trouvaille sitôt qu'il serait sortit du cachot.

Un dernier grincement et la porte s'ouvrit. Une lumière quasiment intense pour Andrew qui avait passé trois jours complets dans une obscurité presque totale, entra.

Allez raclure !
Amène toi !
Il y a une suite à ton programme !

Lentement, Andrew se dirigea vers ce qui allait être une étape de plus vers la liberté.

--GardePalois a écrit:: La porte venait de s'ouvrir non sans difficulté et avec un sourd grincement.

Allez raclure !
Amène toi !
Il y a une suite à ton programme !

Comme désorienté, le prisonnier s'approcha de la porte basse. Il avançait lentement et restait vouté pour ne pas se cogner. Lorsqu'il arriva plus vers la lumière, le garde pu constater ses traits tirés. Il n'avait pourtant passé que trois jours dans ce cachot... Il se cachait aussi de la lumière bien qu'elle soit encore faible dans ce couloir.

Bon, maintenant, c'est fini le repos ! Tu vas aller creuser un peu pour nous !
Notre bon juge t'accorde le droit de monter tes talents de mineur. Vu comment ça c'est passé pour votre attaque, j'espère que tu es plus adroit avec une pioche...

Les deux gardes n'avaient pas ménagé Andrew. Il avait été amené jusqu'à la mine d'or et là, après lui avoir soigneusement entravé les pieds, ils lui fournir une petite pioche et lui indiquèrent où creuser.

Andrew qui croyait qu'il aurait un semblant de latitude ce trompait complètement. En permanence, un des deux gardes était assis quelques petites dizaines de pas derrière lui. Ses moindres gestes étaient épiés. Le moindre ralentissement était sanctionné. Aucune fatigue n'était tolérée.

La journée au fond de la mine fût harassante. Andrew n'avait même aucune idée de la quantité de minerai qu'il avait extrait. Tout avait été juste une éternelle répétition des mêmes gestes ; des coups de pioche, des morceaux qui se détachent, à genoux les ramasser pour les mettre dans un panier d'osier, aller vider le panier et recommencer...

Enfin, le garde vint attraper le bras d'Andrew et lui arracha la pioche de la main.

Chanceux ! Ta journée est déjà finie !
Maintenant, c'est l'heure du repos pour toi !
Le Juge t'a préparé un joli petit nid pour passer la nuit.

Et là, le garde parti à rire. Ce n'était pas la première fois et il allait donc s'agir d'une mauvaise nouvelle.

Une fois de plus Andrew fut escorté par les deux même gardes. La destination était au centre de Pau. Sur la place principale. Au milieu, il y avait une sorte d'estrade et sur l'estrade, des piloris. Et dire que le garde avait qualifié cela de «petit nid»... La soirée et la nuit d'Andrew allait se passer ici, à la merci de la vindicte populaire.

Un des garde poussa Andrew vers l'estrade. En quelques instants, il était attaché au centre de l'estrade, laissant une place vacante à sa gauche et une autre à sa droite. Sa tête et ses mains étaient entravées et maintenues à une hauteur que ne lui permettait ni d'être debout ni de se mettre à genou. Décidément, si la moitié de l'énergie dépensée dans ce comté pour punir les honnêtes gens était utilisé pour faire le bien commun, le visage du Béarn s'en trouverait transformé.

Tatoumi a écrit:

Citation :: La cour vous reconnait coupable d'avoir pris part à une tentative de révolte contre le château de Pau et nous vous condamnons à une peine de 3 jours de prison. Comme il semble que la dernière fois cela ne vous ait pas suffit une fois sorti de nos geôles vous irez travailler à la mine durant 3 jours et chaque soir une fois le travail fini vous serez mise au pilori et ainsi exposée à la vindicte populaire.

Tatoumi eut du mal à déglutir, mise au pilori, qu'est-ce que c'était que cette horreur ?
Ca pouvait être qu'une horreur avec un nom pareil et que le nouveau juge béarnais pense à elle pour y aller, ça en rajoutait....
Elle eut trois longs jours de prison pour y penser. La mine, ça irait, l'effort personnel pour la confédération, elle connaissait et avait bien souvent creusé dans la mine d'or de Genève mais le pilori.... Beurk !

Citation :: Un garde avait été cueillir l'accusée à sa sortie de prison pour la ramener devant le juge pour une nouvelle affaire.
....
Et bien, vous avez décidé de prendre un abonnement à ce tribunal on dirait... La cour après avoir écouté les parties suivra les réquisitions de notre procureur et vous condamne à 2 jours de prison et à une amende de 8 écus.

La première pensée qu'eut l'accusée reconnue coupable fut cette fois ; Chic, vais pas au pilori !

Elle effectua donc ses deux jours supplémentaires presque avec plaisir, si si j'vous jure.
Au matin du troisième jour, elle fut emmenée par deux gardes à la mine.

Flute ! M'avaient pas oubliée ceux-là....

Où elle eut la surprise de creuser aux cotés d'Andrew, marionnettiste paraissait-il, mais elle le connaissait surtout par feu son cousin et par la Garde.
Il était lui aussi surveillé par des gardes et elle se dit qu'il devait être lui aussi condamné aux travaux miniers.
Quand l'heure du repos sonna, elle espérait encore échapper à la drole de punition appelée pilori mais fut tout de même entrainée à la suite d'Andrew sur la place de Pau...

La vindicte populaire...

Andrew qui pensait qu'il serait couvert de légumes pourris et de déchets en tout genre en quelques minutes seulement fut plus que surpris : d'abord, rien ne lui fut envoyé à la figure. Ensuite, les palois lui jetaient des regards qui allaient de la plus grande indifférence à la pitié à peine voilée par la peur de représailles venant du gouvernement en place.

La première nuit se passa donc de manière aussi calme qu'inconfortable. Le travail à la mine le lendemain n'en fût pas plus aisé mais au moins, a fierté d'Andrew était presque intacte et son espoir dans le peuple béarnais grandissait. Un «je ne suis pas d'accord» exprimé par le s yeux n'équivalait pas bien sur une participation active à l'implantation de la Réforme mais valait mille fois mieux qu'une opposition nette et catégorique. Les graines avaient été semées. Elles donneraient de belles pousses plus tard.

Le second et le troisième jour passèrent suivant le même modèle. Ce n'est que le quatrième qu'un fait nouveau arriva : Andrew avait une compagne d'infortune ! Tatoumi, une ancienne avoyère de Genève subissait le même sort... Ils ne purent rien échanger pendant la journée tant leur gardes étaient prompts à user de la pointe de leur lance. Le soir, bien qu'exténué, Andrew lui glissa quelques mots d'encouragements.

Un autre fait vient rompre la routine. Alors que les rues commençaient vraiment à être désertée, une petite fille portant un gobelet d'eau s'approcha de Tatoumi d'abord puis d'Andrew ensuite pour leur donner un peu à boire. Elle ne leur dit rien, essayant juste de garder un sourire timide sur sa petite frimousse. En repartant, Andrew vit que, accroché à sa ceinture, la petite fille trimballait avec elle une petite marionnette portant les couleurs du Béarn mais dont la tête était celle d'une âne...

Tatoumi a écrit:: On lui attache alors les membres et Tatou se retrouve dans une position aussi inconfortable que dégradante.
Qu'allait-on bien lui faire subir ? Au regard angoissé qu'elle pose sur son compagnon d'infortune, il lui répond des mots réconfortants et elle comprend qu'il n'en est pas à sa première nuit, lui.
Là, elle culpabilise d'avoir été heureuse d'y échapper les deux nuits précédentes, il avait du être là, seul au milieu de cette place sombre....
Le courage revient en elle, ils ont combattu bien souvent pour Genève tous les deux, elle ne peut faiblir, elle doit faire honneur à son courageux voisin de pilori.

La lutte contre l'assoupissement est perdue d'avance, à chaque endormissement c'est un supplice, il faut se redresser, ne pas geindre, continuer à lutter.

Un instant, Tatou rève, une fée leur apporte à boire, délicatement.
Elle a un sourire d'ange et une poupée attachée à la ceinture.

Ah ! Cette douleur dans les poignets !

La fatigue, le manque de nourriture... Les idées d'Andrew n'étaient plus très claires. Pourtant il lui semblait bien que cette nuit, c'était la dernière ici. Ensuite, il devrait être jeté hors du Béarn... Comment, il n'en avait pas la moindre idée. Surement qu'une sorte d'escorte s'assurerait qu'il ai bien quitté le sol béarnais en le raccompagnant jusqu'à une quelconque frontière...

Il était surpris de voir Tatoumi n'arriver ici que maintenant. Il lui avait semblé que son jugement était tombé en même temps que le sien et que la peine avait été équivalente. Probable que ce bon juge et son infâme procureur lui avait trouvé d'autres poux dans la tête... Pauvre elle... Comme si la peine qu'ils avaient eu n'était pas déjà suffisamment lourde.

Pour l'instant, sa peine n'était pas finie... Il fallait qu'il continu à résister. La cause était trop noble, il ne pouvait faillir, ils ne pouvaient faillir.

Tatoumi a écrit:: Tatoumi aussi avait bien entendu la reconduite à la frontière et le bannissement, tout comme à son premier procès.

Mais deux choses la retenait encore en Béarn :
La première, Yohann n'était toujours pas banni de ce comté, la lutte continuait.
La deuxième, plus futile il est vrai, le juge ne précisait jamais dans quel état, mort ou vif, la reconduite se faisait....

Dans le doute et car le travail n'était pas fini, elle se repliait encore et toujours dans les bas-fonds de Pau.

Psst, Andrew, psst !
Faut qu'on se fasse la malle avant qu'ils nous sortent de Pau !

Déjà, l'aube annonçait ses prémisses, et si sortir de Pau était le rève de tous les combattants engagés ici, en sortir fier et la tête haute ne souffrait d'autre alternative que la mort pour Tatoumi.

Mariposa a écrit:: Par cette nuit froide, éclairée de milles étoiles et ornée d’un croissant de lune, une jeune femme marche d’un bon pas dans ces rues maintenant trop connues. Ses pas la dirigent sans que sa tête s’en mêle, l’esprit vagabondant. Elle n’a pas sommeil, elle n’ose plus s’endormir tant les réveils sont désolants… Même la chaleur des Huguenots n’atteint plus son cœur. Elle a le mal du pays, le vague à l’âme et se sent si seule.

Le vent froid dans une légère brise lui fouette le visage comme pour lui redonner espoir, lui rappeler qu’au delà de ces murs il y a la vie, la liberté, le mouvement. Arrivant près de la place publique, elle ralentit le pas alors que son regard s’affute. Frôler les murs est préférable pour éviter de se faire voir par un citoyen avide de vengeance.

Son attention s’arrête sur une masse énorme au centre de la place, bientôt elle distingue une estrade et deux ombres sur celle-ci. Son dernier pas se fige, son cœur s’arrête et son estomac se crispe. Le vent siffle dans son oreille pour la ressaisir. Elle aperçoit des gardes au bas de l’estrade qui bavardent au sujet de chaudes donzelles rencontrées la veille.

La blonde helvète arrive furtivement par derrière et se hisse dangereusement sur l’estrade. C’est à ce moment là qu’elle les reconnait. S’approchant de Tatou elle lui relève la tête et lui nettoie dans un geste souple les cheveux qui lui colle au visage. Les yeux agités elle ne trouve pas les mots. Elle tente un sourire qui ne se forme pas devant cette affreuse scène. Son amie au teint blafard semble si faible, elle n’a pas l’habitude de voir la joueuse de soule ainsi, cela est très troublant.

Elle la contourne lentement et s’approchant d’Andrew, elle recule d’un pas par réflexe tant l'odeur de son ami est nauséabonde. Malheureusement, son pied décoche une petite roche qui dévale l’estrade pour aboutir sur la tête d’un gardien. Mariposa a tout juste le temps de glisser sa main sur la joue barbue de son ami et de croiser son regard avant que le garde l’interpelle.

Hé toi, là haut, c’est interdit d’approcher les prisonniers !

Ne voulant pas occuper le troisième carcan, la jeune femme obéit. Avant de sauter par terre, elle leur dit à voix basse.

Courage mes amis, Deos Veille, Il vous Protège.

Sachant très bien que ces mots ne soigneraient pas leur mal physique, elle espérait qu’ils aideraient leur esprit à tenir le coup.

Atterrit, elle salua les gardes d’un signe de tête et s’éloigna rapidement pour ne pas qu’ils aient envie de lui mettre la main dessus. Le cœur serré, les yeux humides, elle regarda une dernière fois en direction de l’estrade avant de disparaitre dans la nuit.

La dernière nuit d'Andrew sur le pilori avait été la meilleure et la pire.

La pire d'abord, parce qu'il était vraiment à bout de force. La meilleure, c'était un peu parce que c'était la dernière et beaucoup parce que Mariposa avait bravé l'interdit pour apporter un peu de réconfort aux deux condamnés. En fait ce n'était pas juste un peu de réconfort. C'était un baume qui guérissait toutes les plaies. C'était la saine chaleur d'un bon feu après une dure journée d'ouvrage dans le froid. C'était la douceur d'une caresse, promesse d'un lendemain meilleur.

Au matin, les deux gardes, encore à moitié endormis montèrent sur l'estrade. Le premier détacha Tatoumi, alors que le second s'occupait d'Andrew. Comme à leur habitude, Tatoumi fut poussé sans trop de ménagement vers le bas de l'estrade afin de gagner la mine. Pour Andrew, ce fut un peu différent. Le garde si peu causant le matin, lui adressa cette fois la parole.

Toi, ta peine est finie !
Que cela te serve te leçon. Si jamais on te reprenait à faire la moindre ânerie, tu peux être sur que notre bon juge serait bien moins clément cette fois.
Allez, maintenant, déguerpi avant que je ne veuille t'aider avec ma lance !

Andrew était abasourdi. Il se serait attendu à ce que le garde le conduise au minimum à l'extérieur de la ville mais là, rien... Il était banni mais sans que rien ne le contraigne... Il ne se fit donc pas prier et descendit de l'estrade aussi rapidement que ces pauvres muscles endoloris le lui permettaient. Arrivé en bas, il posa une main amicale sur l'épaule de Tatoumi et lui dit tout bas.

Mariposa a raison, Deos nous protège. Courage !

Andrew repris alors sa marche loin de cette maudite estrade.
En tout premier lieu, il lui fallait récupérer ses quelques affaires et ensuite trouver un coin pour se reposer à l'abri du froid et des regards. Andrew avait droit à une sorte de répits dû à l'incompétence du garde. Il n'allait pas le gâcher.

Andrew avait aussi quelque chose d'autre à faire. Dans sa poche, se trouvait toujours le parchemin qu'il avait trouvé dans la veste du noble déchu alors qu'il était dans les oubliettes du château de Pau... Il n'avait encore jamais eu la possibilité de le regarder bien que déjà cinq jours complets ce soient écoulés depuis sa découverte.

Tatoumi a écrit:: Une nouvelle journée à la mine, une nouvelle nuit au pilori....
Tatoumi ne comptait plus, n'avait plus la force....
Déjà que la notion de temps avait pris une tournure étrange depuis qu'ils étaient en Béarn, les peines successives avaient fini d'achever l'horloge interne de l'ex-genevoise.
Et si à la fin de sa punition, un garde l'avait conduite une fois de plus vers la mine, elle n'aurait même pas pensé à protester...

Mariposa a raison, Deos nous protège. Courage !

Serrer les machoires, fermer les yeux, se répéter ce message, imaginer montagnes, vallées et lac, se prendre à voler, courage....
Genève, une enseigne où s'emmêllent deux coeurs, le stade, des pommes, un nuage... Mais aussi, la trahison, la faiblesse, l'abandon....

Des larmes lui ont coulé sur les joues silencieusement quand son supplice s'achève et qu'on la libère enfin.

Ouste !

Hébétée, épuisée, la blonde ne demande qu'à s'allonger là, à terre et s'y laisser, mais le garde, de sa pique ne l'entend pas ainsi.

Allez, bouge de là où on t'y recolle !

C'est donc plus par empèchement que par le goût de la liberté retrouvée que Tatou se meut peiniblement et retrouve par automatisme le chemin du Refuge.

Une fois ses quelques affaires prisent là où il avait logé, Andrew dirigea ses pas vers le Refuge. Son but n'était pas de s'y éterniser, il ne le pouvait simplement pas, mais juste de montrer qu'il était encore à peu près sur pied.

La visite là bas lui fit chaud au cœur puisqu'il y vu la personne qui comptait le plus pour lui. Cela ne l'empêcha pas pour autant de repartir assez vite. Après les longs moments de solitude qui lui avaient été imposés, trop de bruits, trop d'agitation, trop de monde, lui pesait. Pourtant la compagnie des autres lui était aussi paradoxalement nécessaire.

C'est donc sans véritable plaisir mais vraiment par nécessité qu'Andrew sorti de la taverne où étaient ses amis, sa vraie et seule famille. Après avoir quelque peu marché dans les ombres ruelles alentour, il trouva un recoin bien abrité où il allait pouvoir s'installer pour dormir.

Ce fut d'ailleurs quasiment instantané tant la fatigue était grande. Lorsqu'Andrew ferma les yeux, sa main c'était instinctivement posée autour du parchemin qu'il avait trouvé dans les oubliettes du château de Pau et qui gardait encore tout son mystère..

Il avait fait froid toute la journée et plus encore la nuit. Toutefois, Andrew était protégé du vent et il avait sa cape qui le réchauffait efficacement.

En tout, Andrew avait dormi plus de dix huit heures d'affilées. La prison, la mine et le pilori l'avait vraiment mis à terre. Quelle que puisse t'être ses envies, pour le futur proche, il allait falloir qu'il se tienne un peu tranquille. Mourir les armes à la main pour défendre la Réforme, il n'avait pas de problème avec cela. Il savait qu'il aurait sa place aux côtés du Très Haut. Par contre, finir sous les coup de fouets et les railleries d'un adversaire l'ayant rabaissé au niveau d'un animal, il n'en était pas question.

Lorsqu'il se réveilla enfin, ce ne fut pas vraiment parce qu'il n'avait plus sommeil. D'une part sa vessie menaçait d'exploser et d'autre part, son estomac gargouillait tant que c'est le bruit qui l'avait réveillé. Une fois le premier besoin satisfait, Andrew sorti des quelques affaires qu'il avait récupéré, une miche de pain. Celle-ci était un peu rassie mais il allait s'en contenter.

Lorsqu'il eut terminé, Andrew ramassa et cacha quelques peu ses affaires. Enfin, il allait pouvoir assouvir sa curiosité. Il sorti donc de sa poche le parchemin plié et commença à l'examiner.

Le parchemin avait été plié précautionneusement et cacheté avec un tout petit peu de cire. Le sceau, si s'en était vraiment un, était indéchiffrable. On pouvait à la rigueur y discerner un "P" à moins que ce ne soit la patte d'un animal. Sur l'autre coté, il y avait une inscription qui elle était encore assez lisible. Avec une belle écriture toute en courbe, Andrew lu à haute voix les deux mots qui avaient été couchés sur le parchemin.

Saint Ange

Cela ne lui évoquait absolument rien. À n'en pas douter, il s'agissait d'une sorte de code pour le destinataire. Après tout, si l'expéditeur c'était retrouvé aux oubliettes, c'était probablement parce qu'il gênait le pouvoir en place et que donc, si il ne voulait pas incriminer trop aisément le destinataire du pli, il fallait user d'une minimum de précaution.

À ce moment là, Andrew fut pris par un dilemme. D'un côté, il brulait d'ouvrir le pli et de savoir ce qui s'y cachait. De l'autre, il se sentait investit d'une sorte de mission. Une sorte de dernière volonté qu'il se devait d'exécuter. Longtemps, il hésita entre les deux options jusqu'à finalement décider qu'il ne pouvait pas ouvrir le pli. Il n l'ouvrirait pas par respect du mort. Par respect pour cet homme que les dirigeant du Béarn avait fait disparaitre. L'ennemi de son ennemi étant probablement un allié, Andrew décida de trouver qui pouvait bien être ce Saint Ange.

Il avait beau réfléchir, il ne trouvait rien et parti donc marcher un peu dans les bas fonds de Pau. La solution ne lui viendrait probablement pas comme cela mais prendre un peu l'air lui ferait le plus grand bien. Sa tribulation dura un bon moment et comme de bien entendu, rien ne lui était venu. Alors qu'il passait devant un maréchal-ferrant, il le salua et lui posa une question plutôt surprenante.

Hello
Je me excuse de dérange mais si vous douve trouve un Saint Ange, vous alle cherche où ?

Un saint Ange ?
Ben, j'irais voir Monsieur le Curé voyons !

Andrew avait eu une réponse. Certes, ce n'était pas franchement celle à laquelle il pensait mais bon... c'était une réponse. Peut être en continuant à poser la question, il obtiendrait quelque chose qui l'aiderait vraiment.

Pour le moment, Andrew avait beau tourner le problème dans tous les sens, il ne voyait pas d'autre moyen. Il se décida donc à continuer de la même manière...

Un de ses problèmes était qu'il ne voulait pas trop trainer dans n'importe quel quartier de la ville, les autorités étant plutôt chatouilleuses côté réformés. Il resta donc pour un temps dans le quartier qui l'hébergeait actuellement. Ce n'était vraiment pas reluisant mais les gens y étaient simples et si ils ne roulaient pas sur l'or, ce n'était pas vraiment le genre à vendre son voisin. Il fallait tout de même être prudent mais bon...

Andrew se dirigea en premier lieu vers une vielle taverne. Il était encore tôt mais il semblait y avoir déjà quelques clients. Alors qu'il arrivait à la porte, il se fit interpeller par deux petits vieux. Ils avaient facilement la quarantaine bien passée et il était claire que leur vie était plus derrière que devant. La conversation s'engagea gentiment. Après plusieurs minutes, Andrew réussi à poser sa question. Les deux semblaient être de Pau depuis pas mal de temps et il pensait donc avoir une chance.

Saint Ange ?
Moi, j'connais pas. par conte j'connais très bien Sainte Boullasse. Entre donc avec nous et paye nous un verre, j'suis sur qu'elle va s'ramener !

Oooh... L'écoute pas l'ami, il a une bouteille à la place du cœur ! Moi, j'peux t'aider ! Le Santonge, j'le connais bien.

Mais c'est toi qui raconte des âneries ! C'est pas le p'tit d'ton cousin qui cause, c'est de saint Ange. Surement un truc de curé...

Hey toi ! T'es en train d'insinuer que j'suis sourd ?

J'insinue rien ! C'est vrai. Tes sourd comme un pot de chambre. Ta femme arrête pas de le dire !

Ma femme ? Ma femme ? Qu'est-ce tu lui veux à ma femme ?

Voyant qu'Andrew ne tirerait rien de ces deux là, il s'éloigna doucement. Si il était repris dans la conversation, il savait qu'il aurait bien du mal à s'en sortir.

Un peu dépité, Andrew tourna et retourna dans le quartier de Pau. Rapidement il eut le sentiment qu'il allait falloir étendre ses recherches. Voyant, un petit garçon jouer dans la rue, il eut une idée. Si poser la question lui même des question un peu partout pouvait être dangereux, venant d'un jeune garçon, cela passerait bien mieux. Après l'avoir appelé, la petite conversation qu'il eut avec lui se termina vite. L'accord était simple : il allait essayer de trouver qui était Saint Ange et si il ramenait un semblant de réponse valable, il aurait trente deniers. Trente deniers, le prix d'une trahison...

Andrew prix lui un autre chemin voyant une femme chargée d'un gros panier rempli de linge. Si il y avait un endroit dans l ville où les potins étaient échangés, c'était bien sur au lavoir. Suivant la matrone, Andrew arriva peu de temps après à un grand lavoir. Plusieurs femmes étaient déjà installée et les conversations allaient bon train. Andrew eut franchement du mal à en placer une mais il fini par y arriver. Quelques secondes plus tard, la question avait déjà fait le tour du bassin et le volume général avait déjà passablement augmenté. Du fond du lavoir, une voix forte se fit entendre.

Moi, le Saint Ange j'connais pas. mais j'suis pas mal sure qu'la Ninon, elle m'a déjà parlé d'un nom comme ça...

Et ce Ninon, je pouve la trouve où ?

La Ninon ? Si j'me trompe pas, elle habite dans la rue du rompe-cou, juste au dessus d'une boucherie.

Meuh non, elle est plus là, elle est derrière l'atelier du charpentier maintenant, dans la ruelle mouillée !

Une fois de plus, la conversation partait en sucette... Enfin Andrew avait un début de piste et c'était la seule chose qui comptait.