[RP] Sauce à la romaine

Messages : 117 Date d'inscription : 15/02/2020

[Ce RP est un échange de lettres. La Tulipe est sous sa tente avec ses compagnons. Si vous souhaitez intervenir ce sera avec plaisir mais merci de le faire en cohérence avec l'idée de base.]

Ce qu'il y a de décalé dans ce monde, c'est qu'on peut très bien être à la fois en train de baguenauder avec une garce, éventrer un pourceau sanguinaire d'un coup d'épée pour la simple raison qu'il veut lui aussi vous trucider ou bien encore écrire une lettre comme le fait La Tulipe en ce moment.
Ainsi peut-on être à mille endroits à la fois sans que cela ne gène personne.

L'homme est sous sa tente de campagne, devant sa table de fortune, le cul posé sur un tabouret de misère. Il a devant lui un parchemin qui lui a coûté la peau de ses bourses. Il trempe la plume d'oie dans l'encrier, tire un peu la langue, et commence à gratter le papier avec soin, en appliquant comme il se doit pleins et déliés.

Citation :: A dame Elena Tatia., Señora de Flemming-Saltzman, paix et amitiés.

Il ne savait pas ce que voulait dire "Señora" car il ne parlait pas les langues des autres contrées, mais on lui avait dit de s'adresser à la comtesse en ces termes.

Citation :: Je me nomme François de la Tulipe, prêtre et curé de Millau. Je fais partie de ce que je nommerais la masse anonyme de vos sujets.
Cette lettre est une supplique car je suis depuis des semaines persécuté par une femme qui hélas n'en veut pas à ma vertu. J'écris "hélas" car si tel avait été le cas, j'aurais surement baissé la garde et levé ma soutane car la chair et faible et le goupillon parfois tendu. Mais le sujet n'est pas là et pardonnez cet aparté.
Il faut que je vous conte d’abord brièvement, pour ne point vous ennuyer, un peu de mon histoire.
Je me suis installé en Rouergue pour apporter la bonne parole, en clerc que je suis. Il se trouve que ce comté est alors dépourvu d’évêque.
J’avais installé mon campement provisoire sur une route menant à Rodez. Il faut que je précise que j’ai l’habitude de prêcher en rase campagne (d’aucuns diront dans le désert) car je fais confiance au Très Haut pour mettre sur ma route des âmes en peine ou de jolies gueuses à éduquer (spirituellement, cela va de soi).
C’est là que tout commence. Un beau matin, je vois débarquer sous ma tente une belle coquine aux allures de la haute. Je me dis aussitôt que la journée commence fort bien. Mais elle se présente à moi comme étant Monseigneur Enora d'Azana, Évêque du Diocèse de Rodez et prêtresse. Prêtresse de quoi ? Allez savoir. Mais évêque surement pas à cette époque car comme vous le savez, c’est notre souverain le roi de France, qu’il soit protégé d’Aristote, qui désigne l’évêque et non le Pape de Rome. Je considère que chacun doit être maître chez lui et les moutons seront bien gardés.
C’est de là que provienne tous mes malheurs. La femme a pris la mouche lorsque je lui ai fait remarqué qu’elle ne pouvait porter tous ces pompons verts sur son chapeau car telle était la loi. Elle m’a alors traité d’hérétique et de mauvais croyant. Elle m’a menacé de l’inquisition, autant dire du bûcher.
Elle est depuis devenue évêque par la grâce royale, ce qu’elle a fait afficher partout, preuve qu’elle reconnait cette autorité suprême dans notre royaume. Par contre, elle a lancé ses foudres contre moi et m’a frappé d’interdit comme curé de Millau dès qu’elle fut nommée. On m’a retiré les clés de l’édifice et j’ai à peine le droit de venir pisser contre le mur comme le font certains de mes paroissiens.
Bien entendu, il n’y a eu aucun avertissement, aucune mise en garde. Je n’ai pas eu le droit de dire un mot de défense.
Je viens vous demander aide et protection, comme tous vos fidèles sujets ont le droit de le faire. J’ai espoir que cette terre est synonyme de liberté et de justice.
J’ai le sentiment que cette femme est dévorée par l’ambition qui doit lui bouffer les entrailles et le fondement. Avec cette lourde charge d’évêque, elle se prend pour le Tout Puissant qui peut d’un geste vous rendre beau et fort et d’un autre laid et impuissant (gardez-moi de ce malheur). On m’a dit qu’elle était devenue aussi rectrice et qu’elle s’était entourée d’une petite cour de fidèle. Mais ce sont sans doute des rumeurs de latrines. J’en reste aux faits.
Je suis devenu curé de Millau parce que les habitants de cette cité ont massivement prié pour moi. Je n’ai usurpé aucun titre. Je n’ai commis aucun crime. Je n’ai jamais prêché une quelconque hérésie sur la place publique. J’accuse Enora d’assouvir une simple vengeance personnelle !
Cette femme n’est pas digne d’être évêque ! Mon âne pourrait tout aussi bien la remplacer je suis certain qu’il est plus sage et moins arriviste sinon pour son avoine.

Je prie Aristote pour que cette lettre vous parvienne et que vous ayez l’envie d’y répondre et de me venir en aide d’une quelconque façon. Je sens déjà autour de moi l’odeur du pain grillé. Mais je saurai faire face à la mort si elle doit venir comme on fait face à une femme la première fois qu’on se retrouve dans ses bras alors qu’on est puceau : courage et vaillance ! Hardi ! Hardi ! Hardi !

Votre dévoué François de la Tulipe.

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