La croix poissonnée : tu peux ou tu peux pas ?

Mais d'où qu'elle vient donc, cette petite croix si seyante tant en sautoir sur le sein charnu d'une nourrice fribourgeoise un peu polissonne, que discrète, au fond de la bourse d'un banquier genevois ? Ras du cou ou pas, elle est quelque fois ciselée avec un fil 100% or de la mine de Nyon, couleur caramel, et des perles. Une cordelière crochetée permet de l’ajuster autour du cou et il convient à toutes les tailles. Très original à porter sur un châle ou un col roulé noir ou sur du blanc cassé, en automne comme en hiver.

Petit poisson genevois pendant, sous une croix de Christos, cléchée à huit boutons et pommetée. Elle serait née de l'Ichtus, ce symbole poissonné des premiers et antiques christossiens, repris par les proscrits réformés genevois, comme signe de reconnaissance. On trouve encore à Genève, quelques portes au linteau marqué du poisson. Mais seulement quand il y a été gravé, parce que sinon, ça a été effacé. On est propre à Genève.

Comme souvent elle vous promet le fagot, porte la croix des réformés qui s'en sent le courage : il n'existe nul sacrement baptismal chez les aristotéliciens réformés. Bon, j'entends les esprits chagrin qui ronchonnent... Soit. Quelques fois, on a quand même des sortes de baptêmes entre nous. Toutefois, le Lectores, simple témoin, ne oint point. Et lorsqu'il éclabousse le frêle visage du catéchumène ébloui, c'est souvent juste parce que ça lui rappelle les parties de jeu de balles sur la grève du Lac de Genève et les dunes d'Aquitaine en été. Mais ! Mais, il n'est écrit nulle part, si ce n'est dans le credo romain, que l'Unique confia puissant pouvoir magique à des Hommes en chasuble pour rincer la tête d'un petit enfant avec de l'eau bénite - Dieu seul sait quel doigt scrofuleux ne s'y est pas trempé - et lui laisser par là une place sympatoche à la droite du Créateur. Balivernes et billevesées de calotins pour pauvre hère de fond de potager.