Meliandulys Camelot
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| Sujet: XV - De la condamnation à la crucifixion Mer 17 Mar 2010 - 2:31 | |
| - Citation :
- Chapitre 15
Vous comprenez mes chers enfants, pourquoi je peux vous raconter ce qui s’est passé alors. J’étais en effet aux premières places, derrière Christos, et mes yeux, mes oreilles, tous mes sens étaient en éveil comme dans les moments de grande détresse.
Arrivés dans le bureau du procurateur, celui-ci nous regarda et nous interrogea : "Qui de vous deux est celui qui se fait appeler Christos ?" Nous répondîmes tous les deux d’une même voix: "C’est moi, Romain !"
Oui, mes chers enfants, j’aimais tellement Christos que je souhaitais subir son châtiment à sa place et c’est pourquoi j’ai essayé d’attirer sur moi les soupçons. Mais ma candeur était grande : Pierre Ponce n’était pas dupe, il avait en face de lui un grand et bel homme avec un jeune rebelle.
C’est donc naturellement qu’il s’adressa au premier en ces termes :
"Ainsi, tu es celui qui se fait appeler le messie, le guide, le miroir de la divinité ? Et tu troubles l’ordre de la cité ?" "Tu l’as dit, bouffi !" répondit Christos. "Écoute, reprit Pierre Ponce, depuis que tu es à Jérusalem, la cité se porte mal, le pain est rassis, les légumes passés, le poisson puant, et la viande nauséabonde. Tout cela parce que maintenant, les gens ne veulent plus rien faire d’autre que de t’écouter. De plus, tu fragilises le pouvoir de Rome et le culte païen en débitant des âneries plus grosses que toi sur l’amour et toutes ces conneries auxquelles personne ne croit ! Tiens, je viens de recevoir une plainte du grand chef des prêtres païens; il paraît que tu t’es payé sa fiole, c’est du joli ! "
La figure de Christos se fendit d’un grand sourire, avant qu’il ne réponde : "Oui, je le sais. Votre Empire vit tel une roue à aube. Chaque mécanisme a la place qui lui convient de part sa naissance, et accomplit régulièrement la tâche pour laquelle il a été créé. Et vous profitez de cela en asservissant les peuples, et les forçant à travailler pour des salaires indécents. Or, voilà que moi, qui apporte la vérité, je gène, c’est classique … Je connais un gars qui dit ça très bien, d’ailleurs : "Le premier qui dit la vérité, il se fera assassiner !"
Pierre Ponce dit alors : "Comment, n’approuves-tu pas l’esclavage ? Même quand il est exercé sur d’autres peuplades que la tienne ?"
"Non, affirma Christos, la solidarité doit maintenant dépasser le simple cadre de la cité ! Nous sommes tous humains et en cela des créatures de Dieu. C’est pour cette raison que faire travailler un vagabond à la mine pour moins de dix-sept écus est une honte, même s’il vient d’une autre Cité. Et le faire suer pour moins de dix-huit écus, en le faisant tuer veau, vache, cochon, couvée, est un scandale !"
Pierre Ponce était agacé. Il lui déclara alors: "Christos tu seras banni. Maintenant dégage. Affaire suivante : Kramer contre Kramer. Ah, et n’oubliez pas de libérer Bar-Tabac, c’est jour d’amnistie aujourd’hui."
Alors, Christos s’étonna de la sentence, et prononça ces paroles: "Procurateur ! Tu peux me bannir, mais dans quelque cité que je serai, j’agirai toujours ainsi, et deviendrai un même danger pour la plénitude des empires et des républiques qui constituent le monde."
Ponce fut excédé et lui répondit: "Puisque tu te dis si sage, et que j'ai des aigreurs d'estomac, tu seras crucifié, comme les agitateurs, et en prime supplicié pour m’avoir fait perdre mon temps et troublé ma digestion. Fallait pas me chercher !"
Puis, Ponce remarqua ma présence, et il eut pitié de moi et de mon jeune âge, me voyant en larmes. Il se tourna vers un des ses gardes et lui dit : " Quant à lui, foutez-le moi dehors, allez hop ! "
Mais Christos m’attrapa par la manche et eut le temps de me dire à l’oreille: "Mon corps va subir mille supplices, mais c’est pour que votre âme n’ait pas à les subir. Lorsque vous prierez le Très Haut, consacrez le pain et le vin de l'amitié, symboles de ma chair et de mon sang, afin de ne jamais oublier mon sacrifice pour vous. Rendez également hommage à ceux qui, par leur vertu, seront un exemple à vos yeux de l’amour qui est dû à Dieu. En vérité, il n’est pas de plus bel hommage à Dieu que d’aimer sans rien attendre en retour."
Les derniers mots furent criés car l’on emportait Christos dans les geôles tandis que des gardes m’empoignaient pour me jeter dehors. | |
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