[RP] Adieu Mont Tombe

(en gargote bretonne)



Avant que l'Empereur à la barbe fleurie ne choisisse Saint Michel, on l'appelait « Mont Tombe ».
Pour Madeline, qui n'avait pas de barbe mais qui aimait les pâquerettes, ce lieu était bien synonyme de sépulture.
Destination aussi prisée que Rome ou Compostelle pour les papistes, le Mont voyait régulièrement venir à lui de courageux pèlerins.
Ils en avaient d'ailleurs doublés quelques dizaines sur les routes. Cela n'avait rien d'étonnant. Tout est dans le verbe ou dans le mot : là où la Réforme vous colle une forme olympique, les papistes en papis se muent.

Quand des Ambuleurs lui demandèrent ce qu'elle allait récupérer en Bretagne, elle répondit :

- Un tabouret !

Cela ne les surprit pas plus que ça. D'abord, parce qu'ils savaient tous le lien intime qui unissait la Madgnifique – surtout ses fesses – à ce quadrupède en bois, ensuite parce qu'ils étaient tous habitués aux réponses farfelues de Mad.
Et si le tabouret faisait effectivement partie des quelques bricoles qu'elle venait récupérer, son séjour en Bretagne avait surtout un autre objectif : rendre un dernier hommage à Archimbaud.

Un adieu physique pour une mémoire éternelle.
Pouvoir effleurer une ultime fois le marbre de sa tombe, là-bas, sur l'îlot de dentelle granitique...

Et puis, lorsqu'elle aura pris le temps de bien se recueillir, repartir vers des monts plus alpins avec, fixée à sa taille, la précieuse lame d'Archi.

Pour l'heure, la Madgnifique avait sorti plume, encre et parchemin.
Pour l'heure, par correction, elle écrivait à la duchesse afin de prévenir de sa prochaine arrivée.
Une arrivée discrète.
Un séjour bref et paisible.
Un départ définitif...

Citation :

Roxanne,

Je m'en viens t'informer que je mène actuellement une lance composée d'Ambuleurs et de Camelots de la Compagnie Réformée du Léman et que nous foulerons bientôt le sol breton.
Il s'agit juste pour moi d'aller récupérer quelques affaires, d'aller au Mont pour me recueillir sur la tombe d'Archi puis de repartir pour Genève.

Que Déos et les trois prophètes t'aident à réaliser un bon mandat.

Madeline.

Le message partit, tandis que le groupe s'installait pour la nuit dans une petite auberge à la carte assez alléchante.

[Rohan]

Au temps du Ker Koumoul, elle y criait "good morning Rohan".

En ce 17 février, aux "Cent murmures", c'est un "salvé Oban" qu'elle chuchota.
Revoir un vieil ami, tandis qu'un "Rendez-vous qu'on lui a fixé à toute blinde" n'arrive pas, ça vous en fait oublier les retardataires.

Le druide et la Réformée.

Ce qu'elle retiendra de cette soirée ?
Deux choses :

1. Que de sa fenêtre, on ne voit pas tout.
2. Que l'expression qu'elle emploie "aller chercher son tabouret" lui a beaucoup plu.

Ce qu'elle appréciera de cette soirée ?
Trois choses

1. Qu'il lui dise que le hasard a voulu qu'hier soir, l'envie de relire des écrits plumiesques l'avait pris.
2. Qu'il lui dise qu'il trouve dommage que la Bretagne perde une telle plume que la sienne.
3. Qu'il lui dise qu'il la préférait en brune, mais que même blonde, elle est madgnifique.

En partant de la taverne de Zabou, elle laissera sur la table un petit mot .

Citation :

Lem,

Tu voulais me voir et pas qu'à Vesoul et moi j'ai vu Oban.
Suis-je venue trop tard ou partie trop tôt, je l'ignore...

Alors faisons simple :
Soit Déos s'arrange pour que nos chemins se croisent avant que je ne m'arrache d'ici avec ma bande de vieux, soit il va te falloir prendre ta plume et noircir du papier.

Mad

Spoiler:

[Saint Brieuc]



Vous mé réconnaissez ?
Como ça vous mé réconnaissez pas ?
Et pourtant, grâce à mon génie, y'a plou oune seule mouche qui vole à Saint Brieuc.

Ma qué yé vous en veux pas... Que je suis très casanier... à la casa.
Yé souis... Ernesto Montevideo.
Artiste peintre, scoulpteur, décorateur d'intérieur , homme d'intérieur pour le ménage, d'extérieur pour le jardinage, arroseur de plantes de la Madgnifique.

La scoulptoure du capitaine Trilo à l'entreée du Légué... C'est dé moi !
Le canapé qui grimpe au mur là... C'est dé moi aussi !
Les mouches écrasées sur la toile là-bas... Ce sera dé moi quand y'aurais fini !

Et regardez como yé mé souis fait beau aujourd'hui !
Qué j'ai mis les pâquerettes dans les moustaches et le beau coustoume.

Parce qu'aujourd'hui la Mad, elle revient chercher lé tabouret... et moi dans la foulée.
Elle m'a écrit qu'il fallait pas qué yé sois sourpris si les gars qui l'accompagnent mé regardent bizarre... Que ça risque même dé leur faire ouné choc.
Yé sait pas porqué...

* Toc toc toc*

Tiens, ça a sonné...

Et Ernesto ouvre la porte brutalement. En face :

La Mad : - COUCOU !
Un premier gars : - Fertami...
Un deuxième gars : - il me rappelle quelqu'un...

Il paraît qu'on a tous un sosie au monde... Et... c'est vrai ! Même si, bon, la Mad, elle aurait quand même pu les prévenir les Ambuleurs... Parce que c'est vrai que... ça fout un choc !

Quelques heures, plus que quelques heures avant de quitter le territoire breton.
Quelques heures durant lesquelles elle se souvient des belles choses et uniquement des belles choses.

Le reste, elle le jette.

Tout en avançant, elle se dit que sa vie avait vraiment été faite d'épreuves et de preuves d'amour.
Opérant un tri sélectif, elle laisse les épreuves là où elles méritent d'être, c'est à dire dans le néant de la mémoire individuelle et collective et ne garde que les preuves d'amour avec elle.

Elle s'est reconstruite grâce à des gens formidables qu'elle aime du plus profond de son cœur.

Le seul regret qu'elle a – parce qu'elle en a un – c'est de n'avoir pas répondu à l'invitation d'Izaac de rejoindre Genève il y a quatre ou cinq ans.

Mais comme la marche arrière n'a pas été inventée dans la grande machine de la vie, elle va de l'avant et remercie Déos de lui avoir donné la force au printemps 1461 de scier les barreaux de « sa prison dorée ».

Quelques jours, plus que quelques jours avant d'acheter cette jolie petite maison qu'elle a repérée au bord du Léman, juste à côté de son port.
Et quand le printemps et ses pâquerettes viendront, elle sortira sur le perron avec son tabouret...

Tabouret ?
TABOURET !

- HALTE !

Le groupe s'arrête.

- J'ai quelque chose à vous dire les gars.
- Si c'est qu'on va manger des crêpes, c'est non !
- Non, c'est pas une question de crêpes... Vous aimez la paella ?
- Oui !
- Ben ça tombe bien.
- Pourquoi ?
- Parce qu'une fois qu'on sera rentré à Genève, on souffle un peu et zou... - direction Barcelone.
- Ahhhhhh
- Oui... j'ai un tabouret qui m'attend là-bas...
- Fertami...

Archi est mort en disant « Les cons ont gagné ».
Mad adorait Archimbaud, mais autant il était un génie dans tout ce qui touche à la mathématique, à l'économie, à la justice et à l'économie, autant il était une véritable quiche en matière de « citations juste avant de mourir ».
Archi... Sache que les cons ne gagnent jamais. Les cons ne savent faire qu'une seule chose : collectionner des preuves de leur connerie. Les gagnants par contre, ils collectionnent les preuves d'amour, les amis et... les tabourets !

[hrp]Ici s'achève le RP breton de Madeline. Je remercie celles et ceux qui ont pris plaisir à écrire à plusieurs mains avec moi depuis le 12 mai 2007. Elles et ils se reconnaîtront, du moins, parmi ceux qui jouent encore aujourd'hui... ce qui ne fait finalement pas énormément de monde...
[/hrp]